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DES DÉFICIENCES
Dès le départ, le manque d'argent constitua le point noir du film. La Granada connaissait une crise financière et le budget subissait des restrictions drastiques. Le film fut tourné pour une raison économique. En effet, un long-métrage, avec un unique casting et un seul tournage en extérieur, coûte moins cher que deux épisodes courts. L'équipe ne pouvait même pas s'offrir les services d'un metteur en scène de premier ordre.
Le scénariste Trevor Bowen et Edward Hardwicke auraient souhaité avoir John Madden, qui avait magistralement dirigé "L'École du Prieuré" où Jeremy avait été formidable.
Finalement le poste fut attribué à Brian Mills, ce qui rendit Bowen furieux : "Ils avaient un merveilleux sujet, l'histoire "classique" de Holmes, et ils ont tout gâché en ne nous donnant pas les moyens de le réaliser correctement." De plus, après les dépenses engagées pour le tournage de L'Aventure du pied du diable en Cornouailles, et de Flamme d'Argent en Irlande, l'équipe n'avait plus la possibilité d'aller tourner à Dartmoor, ni même à Londres.
Au lieu d'être filmées sur la lande en extérieur, les scènes nocturnes du "Chien" le furent en studio (l'histoire se situe dans la région du Devonshire au Sud-Ouest de l'Angleterre).
La lande était reconstituée sur le plateau n° 1 de la Granada à Manchester, qui était même nettement plus petit que celui construit par la Twentieth Century Fox en 1939 pour la première version ! Certaines scènes se firent à Heath Hall dans le Stafforshire. Quant aux vues de Londres, elles furent empruntées à d'autres épisodes. Le plan où Holmes s'éloigne de dos sur le quai d'une gare, a déjà été vu dans la scène finale de L'Interprète grec, et cela ne fonctionne pas.
Conan Doyle: Le chien des Baskerville 
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ÉCHOS DE TOURNAGE
Le scénariste Trevor Bowen choisit de ne pas montrer de reconstitution en costumes de l'histoire ancienne de Sir Hugo de Baskerville. Préférant laisser ce mythe "dans les brumes du temps", il ne fit que le suggérer.
Le plan de fin montre Holmes conduisant une calèche aux côtés de Watson, pour se rendre à Coven Garden. Cette belle image est une incohérence dans le scénario. Il ne semble pas réaliste que le détective puisse posséder en ville son propre attelage et encore moins le conduire.
Ronald Pickup (qui joue Barrymore) a fait partie, en même temps que Jeremy, de la troupe du National Theatre dirigée par Sir Laurence Olivier. Ils jouèrent notamment ensemble dans As You Like It en 1967.
Jeremy Brett ...  Sherlock Holmes
Edward Hardwicke ...  Dr. John Watson
Kristoffer Tabori ... Sir Henry Baskerville
Raymond Adamson ...  Sir Charles Baskerville
Neil Duncan ...  Dr. Mortimer
James Faulkner ...  Stapleton
Fiona Gillies ...  Beryl Stapleton
William Ilkley ...  Selden
Rosemary McHale ...  Mrs. Barrymore
Ronald Pickup ...  Barrymore
Elizabeth Spender ...  Laura Lyons
L'HISTOIRE
(Août 1901 à Mai1902)
Cette fois le détective est confronté à un cas qui semble dépasser ses compétences. Le docteur Mortimer lui demande de mettre fin à l'effroyable malédiction qui décime la famille des Baskerville, et de protéger son dernier descendant Sir Henry, dont l'oncle vient de succomber étrangement. On raconte que pour venger la mort d'une jeune paysanne, dont son cruel ancêtre serait responsable, un chien monstrueux aux yeux de braise serait sorti de l'Enfer pour le tuer. La bête erre depuis sur la lande...
Mais l'héritier actuel, revenu prestement du Canada,  ne croit pas à ces balivernes. Pourtant, des événements étranges le concernant se succèdent. Watson est chargé d'escorter Sir Henry jusqu'à Dartmoor et de rester vigilant, d'autant plus que le bagnard Selden s'est échappé de la prison voisine et se cache dans la lande. Tous deux découvrent une région enchanteresse et font la connaissance de leurs nouveaux voisins. En particulier de Beryl, dont Sir Henry tombe amoureux, la sœur de Jack Stapelton, un collectionneur de papillons.
Certains événements sont plus inquiétants. Barrymore, le maître d'hôtel, est surpris en train de ravitailler le bagnard en fuite et Watson aperçoit la silhouette ténébreuse d'un homme. En cherchant à le démasquer, il tombe sur... Holmes ! De sa cachette, le détective a observé le théâtre des opérations et découvert des éléments intéressants. Jack Stapelton n'est pas celui qu'il prétend être et sa filiation est la clé du mystère. Holmes décide d'agir avant qu'il n'atteigne son but : assassiner Sir Henry. Sur la lande marécageuse, à la nuit tombée, sera-t-il prêt à affronter la créature spectrale ?
SENTIMENT MITIGÉ
Le Chien des Baskerville véhicule un potentiel cinématographique formidable. La célèbre histoire est probablement le récit canonique le plus propice à une adaptation, et offre un vrai spectacle pour tout public. Tous les ingrédients sont réunis : une effroyable malédiction, des phénomènes irrationnels, un monstre sorti droit des Enfers, du mystère et de la peur. Malheureusement la Granada n'a pas réussi à mettre en valeur son côté fantastique et gothique. On a un peu de mal à se laisser prendre par l'atmosphère de mystère.
 
La lande est pourtant très bien évoquée et on apprécie le contraste entre les nuits envahies de peurs et de superstitions et les journées ensoleillées dans une nature enchanteresse. Dans son ensemble, l'épisode manque de rythme et de scènes d'action avec une première partie qui traîne en longueur. On prend son temps pour se balader dans un paysage bucolique et serein, s'imprégner de l'ambiance de Dartmoor en laissant sa durée à la réflexion. Il nous faut patienter avant que l'intrigue prenne enfin sa consistance. Holmes restant éloigné du théâtre des événements pendant la majeure partie de l'histoire, le rythme ne s'accélère qu'après son arrivée.
 
Le film manque également d'une analyse plus poussée de l’atmosphère du crime et de la psychologie des personnages. Dommage, car Edward Hardwicke joue un excellent Watson et Kristoffer Tabori, un Sir Henry naturel et sympathique.
Le Retour de Sherlock Holmes (1986–1988)
Le Chien des Baskerville
The Hound of the Baskervilles
Long Métrage :  Saison 2 - Hors-série 2 (1988)
La cultissime Histoire
ALBUM PHOTOS DE L'ÉPISODE
UN RENDEZ-VOUS MANQUÉ
Jeremy, persuadé qu'il ne fallait pas passer à côté de cette œuvre culte, entretenait malheureusement de sérieux doutes concernant l'adaptation.
La qualité même de sa performance s'en ressent, Jeremy semble  assez mal à l'aise dans son personnage. À David Stuart Davies qui demandait à Jeremy au printemps 1995, quel film il souhaiterait refaire s'il le pouvait, il répondit sans hésiter : Le Chien des Baskerville ...
 
L'acteur déclara :"Je pense que nous pouvons faire beaucoup mieux que ça. J'étais terriblement mal à l'aise en tournant ce film. C'était inconcevable. Si vous réalisez "Le Chien des Baskerville", la plus célèbre histoire de toutes, vous devez penser avec beaucoup de prudence, et vous devez avoir une vision globale de l'histoire avant de démarrer. Si vous ne pouvez pas saisir le Chien exactement, alors il est préférable de ne pas le faire. Nous ne l'avions pas exactement. C'était une sorte de mastiff empaillé pour moi. Le script partait à la dérive ... ce qui est fatal. Holmes était absent beaucoup trop longtemps. Tant de choses n'étaient pas parfaitement exactes... J'aimerais pouvoir le refaire ... dans une autre vie."
UNE CRITIQUE TOUT "CROC" DEHORS
Quand "Le Chien des Baskerville" fut diffusé la première fois en 1988 sur le réseau ITV, la déception fut de taille de la part du public et de la presse qui se montra en général très sévère. Même The Stage, plutôt charitable habituellement, émit de cruelles critiques : "Comme un enfant qui aime lire à nouveau la même histoire niaise de temps en temps, ce n'est pas tant l'histoire que vous aimez que la manière dont elle est racontée. Pendant presque la totalité de ses deux heures, le dernier "Chien" est prévisible et pesant, sauvé seulement par quelques jolis mouvements de caméra, et le jeu de Jeremy Brett outrageusement affecté, animé de tics et de grimaces. Il est aidé par Edward  Hardwicke, un acteur né pour jouer le gentil Watson digne de confiance. Granada s'est trompé en  présentant le film comme un mystère ou un thriller. La plus grande erreur c'est le chien, qui apparaît plus bête que menaçant avec sa silhouette lumineuse."
 
Le film, avec les commentaires sérieusement hostiles qu'il obtint, marqua un tournant dans le destin des séries Granada. Jamais plus les films de Sherlock Holmes ne connurent les succès des premiers temps. Avec un budget de plus en plus réduit, un acteur principal de plus en plus malade, et les meilleures histoires déjà filmées, le déclin des productions devenait inexorable.
Producteur :June Wyndham-Davies, Michael Cox
Réalisateur :Brian Mills
Scénariste :Trevor R. Bowen
Décorateur :Christopher J. Bradshaw / James Weatherup
Musique :Patrick Gowers
26ème épisode tourné
1ère diffusion : Angleterre: 31 août 1988 - ITV Network (26ème épisode diffusé); Etats Unis: 8 dec. 1988 - WGHB; France: 2/3 avril 1991 - FR3 (26ème épisode diffusé)
Durée: 1 h 44 min 15 sec
UN CHIEN FIDÈLE
Le film de Granada est considéré comme l'adaptation la plus fidèle au roman à ce jour. Les scènes d'ouverture nous plongent dans l'ambiance et rappellent par leur facture très classique Le Signe des Quatre. Les pattes du chien se substituent ici à la jambe de bois de Jonathan Small, le brouillard de la lande à celui de Londres.
Nous retrouvons ensuite une série de scènes très canoniques à Baker Street. Holmes, tournant le dos à Watson, peut observer son ami grâce à son reflet sur le couvercle miroitant d'une cafetière. La séquence à propos de la canne oubliée par le Dr. Mortimer entraîne le dialogue classique entre les deux amis. Watson s'essaie à l'art de la déduction et échoue pitoyablement devant un Holmes amusé, à la logique imparable.
L'arrivée du Dr. Mortimer lui-même est assez amusante, avec son intérêt saugrenu pour le crâne de Holmes, interloqué par sa requête. Evitant l'erreur, souvent commise dans les autres adaptations, de présenter le Dr. Mortimer comme un homme âgé et austère, la Granada a choisi un acteur jeune. Son personnage est vif et sympathique, excentrique et intéressant, proche de celui créé par Conan Doyle. Tout ceci fonctionne bien en produisant des moments d'humour dans une histoire ténébreuse et un ancrage supplémentaire dans le quotidien des personnages. Les holmésiens peuvent cependant regretter que le texte original ne soit pas totalement respecté.
Certains détails essentiels, tels la recherche des journaux ayant servi à confectionner la lettre anonyme ou les incidents relatifs aux bottes volées, sont absents ou altérés, ce qui rend les déductions de Holmes moins convaincantes et l'intrigue parfois décousue.
UN CHIEN DÉCEVANT
Jeremy croyait au sens puissant du surnaturel qui peut à tout moment ébranler les certitudes rationnelles de Holmes. Il souhaita montrer, contrairement au roman, que Holmes n'est pas certain qu'il existe une explication scientifique au mystère. Il estimait qu'il était important de laisser le public penser que peut-être, Holmes pouvait croire en l'existence d'un chien infernal. Jeremy déclara : "En tant qu'homme de raison, c'est un énorme pas à franchir, mais il est si perturbé par le trouble de Mortimer, un docteur et un homme de science, qu'il en arrive à penser qu'il peut y avoir quelque chose."
Cette interprétation aurait pu bien fonctionner si une ambiance de peur gothique avait imprégné le film, mais il n'y avait aucune raison pour que l'ombre noire du Chien puisse agir sur les événements. L'image idéale du chien mythique est difficile, voire impossible à trouver. Sa représentation est parfois banale, parfois caricaturale ou "science-fictionnesque". Les scénaristes ont opté pour une représentation réaliste et crédible, car il reste ... un chien. L'illusion d'une bête surnaturelle est produite grâce au maquillage conçu par un simple mortel (Jack Stapelton) qui n'est pas expert dans l'art des effets spéciaux. Au final, le chien de l'Enfer est seulement entrevu dans des effets de lumière verte phosphorescente et la véritable angoisse est totalement absente. Le chien était d'ailleurs une brave bête d'un naturel très amical. C'était un grand Danois de près de 69 kg, du nom de Kahn, que Jeremy trouvait loin d'être terrifiant et ne pouvait s'empêcher de caresser. Une tête de robot à l'air plus féroce, avec des dents étincelantes et des yeux ardents, fut donc utilisée pour les gros-plans, mais cela se remarquait à peine.
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