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Kitty est une prostituée, mais Holmes la traite avec respect et égards. Il la salue d'un "madame" très doux à leur rencontre à Baker Street. Son attitude sans préjugé est courageuse et avant-gardiste, très au-dessus des convenances pour un homme de son époque et de sa classe sociale.
 
Finalement, Holmes reconnait à Kitty bien plus de grandeur d'âme et de noblesse de cœur qu'à l'aristocrate Violet de Merville. D'ailleurs, Holmes ne cache pas sa répugnance à l'égard de la fiancée de Gruner qui se montre glaciale et totalement indifférente au récit de Kitty.
 
Holmes lui-même se heurte à un mur d'insensibilité et de mépris dans ses mises en garde et ses vaines tentatives de dissuader Violet d'épouser Gruner. Il l'abandonnerait probablement à son sort s'il ne devait s'acquitter de sa mission.
 
C'est finalement Kitty qui scellera le sort  de Gruner mue par sa vengeance terrible dans un dénouement d'une force de suggestion théâtrale et grandiose.
EPISODE  PRECEDENT
UNE CONFRONTATION GLACIALE
La rencontre entre Holmes et Gruner à Vernon Lodge fait partie des Grands Face-à-face de la série, rappelant par son intensité et le brio des acteurs, les confrontations avec Moriarty dans le Dernier Problème ou Milverton dans Le Maître-chanteur d'Appledore.
 
Avec ces deux-là, Gruner est l'un de ces méchants qui suscite la répugnance et vous glace les sangs. Dangereux et perfide sous une apparence des plus amènes et suave, il œuvre en totale impunité.
 
Même voix doucereuse, mêmes menaces à peine voilées et mêmes échanges de regards avec Holmes. Le détective se montre dur et acéré tandis que la stature et le regard magnétique des yeux de Jeremy lui donnent une présence particulièrement imposante.
 
Neanmoins, le Baron n'a pas la "noblesse" de Moriarty. Holmes ne ressent pas le même frisson glacial que lui instillait le défunt professeur, ni la sorte d'admiration qu'il nourrissait à son égard. Cette fois, il reste parfaitement maitre de la situation car il n'éprouve que dégoût et mépris pour le venimeux baron. Malgré son savoir-vivre il a du mal à cacher ses sentiments pour cet homme qu'il déteste.
ALBUM PHOTOS DE L'ÉPISODE
La confrontation est une scène particulièrement réussie. On ressent la tension qui habite les deux hommes et plane dans la pièce. Holmes  foudroie des yeux son adversaire, laissant transparaître sa conscience aiguë d'être face à un être monstrueux et amoral. Il lui marque son mépris en corrigeant son anglais (dans la VO) et en pointant son manque de savoir-vivre.
 
Les dialogues puissants et la présence des acteurs font de cet affrontement entre Holmes et Gruner une performance remarquable.
 
Dans le rôle du Baron Gruner, Anthony Valentine est parfait. Même s'il n'a pas la beauté exceptionnelle du personnage de Conan Doyle, il traduit magnifiquement la séduction perverse et la manipulation maligne allant jusqu'à changer sa voix selon qu'il s'adresse à sa fiancée ou à Holmes.
 
Anthony Valentine interpréta le personnage de Raffles dans la série télévisée éponyme de 1975, adaptée des nouvelles d'Ernest William Hornung, qui se trouve être le beau-frère de Sir Arthur Conan Doyle... Arthur J. Raffles était un gentleman cambrioleur et justicier, dans la lignée des Arsène Lupin.
PHOTOS DE PRESSE ET DE TOURNAGE
Producteur :June Wyndham-Davies, Michael Cox
Réalisateur :Tim Sullivan
Scénariste :Robin Chapman
Décorateur :Alan Price
Musique :Patrick Gowers
31ème épisode tourné
1ère diffusion : Angleterre: 21 mars 1991 - ITV Network (31ème épisode diffusé); Etats Unis: 14 nov. 1991 - WGHB; France: 12 avril 1991 - FR3 (31ème épisode diffusé)
Durée: 54 min
VIDEO CLIP 1
UN DON JUAN ASSASSIN
Dans la scène où Gruner  feuillette avec délectation et  met à jour son carnet secret en y collant la photographie de sa nouvelle prochaine victime, Violet, il écoute le fameux air "Madamina, il catalogo è questo" du Don Giovanni de Mozart où Leporello énumère les multiples conquêtes de son maître (1003 femmes !).
 
L'illustration musicale de cette scène, rajoutée par le scénariste Robin Chapman, est une idée géniale et n'est pas fortuite.  L'histoire de Gruner présente des aspects communs avec Don Juan en reprenant le mythe du séducteur puni.
 
Gruner collectionne les conquêtes féminines, manipule les femmes, les séduisant par ses discours mensongers. Il défie l'autorité et la morale échappant constemment à la justice pour ses crimes. Cependant, il se montre bien plus cruel que le gentilhomme de l'opéra, c'est un assassin qui tue par profit. Égocentrique et destructeur, hypocrite et cynique, il use de violence verbale et physique (Holmes l'éprouvera dans sa chair) et de sadisme envers Kitty. Incapable de repentance, il sera puni par un châtiment exemplaire comme dans le célébrissime mythe.
 
On retrouve la partition musicale du Don Giovanni dans la tragédie finale et grandiose, où les hurlements déchirants du baron semblent se fondre avec ceux de Don Juan englouti par les flammes de l'enfer. Ce final d'une extrême puissance illustre aussi une autre allégorie avec l'image du tableau de Gruner défiguré au vitriol qui évoque le "Portrait de Dorian Gray".
Dans cette histoire, Watson forme avec Holmes un véritable tandem de choc où ils sont associés à part entière. On ressent toute la solidité de leur amitié dans l'épreuve. Avec Mrs Hudson, la chaleur humaine qui se dégage du trio de Baker Street forme un contrepoint réconfortant à la dureté des événements.
 
Holmes, blessé, n'étant plus capable d'agir physiquement, il confie cette responsabilité à Watson en toute confiance. Le docteur est prêt à prendre tous les risques pour venger son ami. Très motivé, il prend son rôle à cœur et révèle ses capacités. Il s'implique totalement, questionne Sir James (c'est "notre" travail), prend des initiatives, affronte l'ennemi dans son propre domaine quitte à risquer sa vie et réussit à devenir un spécialiste des porcelaines chinoises en moins de 24h !
 
Apparaît également le côté protecteur de Watson, soucieux de la santé de son ami. Holmes, pour une fois, n'a pas la prérogative. Il doit obéir aux ordres du médecin. Ainsi, quand il demande sa pipe à Watson, celui-ci lui fait comprendre que dans son état, il devra s'abstenir. Holmes lui répond : "Very well... doctor", en insistant sur ce dernier mot. Mais derrière cette résignation forcée, il semble dire : "D'accord Watson. Je sais que c'est pour mon bien, mais n'abusez pas trop de la situation."  
 
L'épisode témoigne de la totale confiance et reconnaissance de Holmes envers son cher Watson.  Une touche d'humour à la fin, lorsque Watson veut révéler fièrement à son ami qui est "l'illustre client" ce que Holmes sait déjà depuis longtemps.
UN ÉPISODE REMARQUABLE
L'Illustre Client est l'un des épisodes les plus réussis de cette saison. Bien que l'histoire soit ténue et que Holmes ne mène pas d'enquête à proprement parler, l'épisode est passionnant, fidèle à la nouvelle, mis en scène et filmé magistralement, rythmé avec du suspense et des rebondissements. Les acteurs jusqu'aux rôles secondaires mettent encore plus en valeur les personnages de Conan Doyle, pleins de relief.
 
Cette histoire sombre offre de très beaux portraits des protagonistes, du Baron Gruner abject à souhait sous ses airs de séducteur mondain à l'émouvante et courageuse Kitty Winter.
 
Ici Holmes sert seulement d'émissaire. Cependant il est mué par sa volonté sous-jacente de punir Gruner qui a toujours échappé à la justice. Dès le départ, il sait à qui qu'il a affaire.
 
Malheureusement, il se montre inefficace car ses tentatives de dissuader Gruner ou Violet de se marier, sont condamnées à l'échec. Mais Holmes est aussi imprudent en réagissant avec désinvolture aux menaces de Gruner.
Jeremy Brett ...  Sherlock Holmes
Edward Hardwicke ...  Dr. John Watson
Anthony Valentine ...  Baron Gruner
David Langton ...  Sir James Damery
Abigail Cruttenden ...  Violet de Merville
John Pickles ...  Jarvis
Kim Thomson ...  Kitty Winter
Roy Holder ...  Shinwell Johnson
Rosalie Williams ...  Mrs. Hudson
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ÉCHOS DE TOURNAGE
L'actrice Kim Thompson met beaucoup d'intensité dans son personnage de Kitty Winter. Elle avait joué la maîtresse de Moriarty dans le film "La Main de l'assassin", avec Edward Woodward dans le rôle de Holmes et et Anthony Andrew dans celui de Moriarty.
 
Le personnage de Kitty Winter, à la fais gracile, émouvant et indomptable, a été étoffé par le scénariste Robin Chapman, en particulier la reconstitution de son passé laissé flou par Conan Doyle.
 
. En effet, la jeune femme tient un rôle-clé dans l'intrigue. Jusqu'alors toutes les tentatives de Holmes pour déjouer les plans de Gruner étaient vouées à l'échec, lorsque Kitty lui révèle l'existence du carnet secret du baron apportant la preuve indiscutable tant attendue de sa perfidie. Holmes a enfin le moyen d'agir.
 
La confession de Kitty dans le fiacre est une scène très forte. Holmes se montre bouleversé par son sort. Dans un geste protecteur inattendu de sa part, il la réconforte en la serrant contre lui chargé d'émotion et de compassion. Il semble presque  ressentir sa souffrance.
Les Archives de Sherlock Holmes (1991–1993)
L'HISTOIRE
(8 novembre 1924)
Sortis des vapeurs d’un bain turc, Holmes et Watson sont consultés par le colonel James Damery, émissaire d’un haut personnage qui veut garder l’anonymat. Il leur demande d'empêcher le mariage de Violet de Merville avec un homme très dangereux, le baron Gruner. Holmes connaît l'individu surnommé "l’assassin autrichien", "l'homme le plus dangereux d'Europe" dont les précédentes épouses ont péri dans d'étranges circonstances et qui a toujours échappé à la justice.
Mais convaincre la jeune femme qui est résolue, est une tâche difficile, car Gruner est un homme mondain et séduisant, qui a eu l’intelligence de lui révéler son passé en se prétendant la proie de calomniateurs. Même l’infortunée Kitty Winter, victime de la barbarie de Gruner, ne parvient pas à la convaincre. Sherlock Holmes a besoin d'une preuve tangible contre lui : son catalogue libertin de ses conquêtes féminines, témoignage de sa luxure et de sa débauche.
Le funeste Baron qui n'est pas homme à se laisser contrecarrer, menace de mort le détective et met son plan à exécution.
Le lendemain, les cris des vendeurs de journaux retentissent dans Baker Street: "Attentat criminel contre Sherlock Holmes !". Watson trouve son ami en piteux état, meurtri et contusionné. Il leur reste une dernière chance pour pénétrer chez Gruner : sa passion de collectionneur de porcelaines chinoises. Watson entre alors en jeu. Parviendra-t-il à faire illusion face à Gruner tandis que Holmes tentera de récupérer le fameux carnet ?
Holmes compte trouver un moyen de l'atteindre. Grâce à ses relations dans la pègre des bas-fonds londoniens de l'East End et la diversion risquée de Watson, il pourra y parvenir.
 
La richesse visuelle de l'épisode nous offre des scènes fameuses comme les bains turcs au début de l'épisode ou l'agression de Holmes filmée avec maestria comme un spectacle d'ombres superbement chorégraphié.
 
Holmes s'est souvent trouvé confronté à des hommes dangereux. Le danger ne lui fait pas peur. Il se soucie peu de sa propre sécurité et n'hésite pas à prendre des risques. Mais cette fois, malgré sa dextérité à manier la canne à bout plombé, le détective est laissé sur le carreau par ses deux assaillants. C'est la première fois qu'il est sérieusement amoché !
 
On est loin de l'image habituelle du héros infaillible et invulnérable. C'est lui la victime et il fait mal à voir. Cependant même alité, tête bandée, yeux pochés, visage tuméfié et corps contusionné, il continue à diriger les opérations.
L' Illustre Client
The Illustrious Client
Saison  3 - Épisode 5 (1991)
Conan Doyle: L'illustre client  
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