Nous voyageons plus loin, sur les côtes déchiquetées des Cornouailles dans L'Aventure du Pied du Diable et dans la magnifique région du lac de Derwent Water dans la région de Cumbria avec La disparition de Lady Frances Carfax. Les landes mystérieuses et inquiétantes accentuent le climat angoissant du Chien des Baskerville ou de L'École du Prieuré.
Certains tournages exigèrent des déplacements à l'étranger. Le Dernier problème fut ainsi tourné à Meiringen dans les Alpes suisses et aux chutes de Reichenbach. La rencontre sur le pont entre Holmes et Moriarty fut filmée à Giessbach. Pendant le tournage, Jeremy logeait à l'hôtel Sherlock Holmes non loin du lieu mythique, véritable lieu de pélerinage pour les holmésiens. Pour mettre en image le récit de Jonathan Small dans Le Signe des Quatre, l'équipe se rendit à Malte où le fort d'Agra et le bagne des îles Andamannes furent reconstitués.
La production a eu le souci permanent de préserver ce cachet d'authenticité victorienne typiquement britannique et de choisir avec soin des sites slendides. Tout ce qui fait le charme des téléfilms anglais.
          Sur les lieux de Tournage
Photos des lieux de tournage dans la série
A mesure des épisodes, nous découvrons la société victorienne, ses valeurs et son évolution. 'Les Archives de Sherlock Holmes' marquent en particulier l'entrée dans le 20ème siècle.
La modernité fait son apparition. Les premières voitures remplacent les calèches et circulent peu à peu dans les rues. On voit Neil Gibson se rendre au 221b en automobile sous les yeux ébahis des badauds. Symbole de l’industrialisation, le chemin de fer n’est pas en reste. Le réseau s'agrandit, les gares se construisent, offrant à Holmes de superbes voyages contemplatifs dans la campagne anglaise. Les nouvelles technologies se développent. Holmes utilise un microscope. Le téléphone est évoqué à plusieurs reprises. Le baron Grüner écoute de la musique sur l'un des premiers phonographes. L'usage de la photographie n'est plus l'apanage des rois (Scandale en Bohème) mais se généralise. Les costumes se modernisent. Seul Sherlock Holmes reste fidèle au sien !
          A l'époque victorienne
Le Cycliste solitaire donne des traits typiques de l'époque, marquant les grandes distances sociales qui font de Violet Smith une victime désignée du fait qu'elle est une femme et qu'elle est pauvre. L'épisode offre une réflexion sur la situation de la femme, son travail, et sur la façon dont elle est considérée par l'homme. Cette rigueur de l'ordre social peut être bousculée par les destinées exceptionnelles, la violence, l'enrichissement soudain qu'apportait alors l'Afrique du Sud pour les Britanniques et l'avidité, l'argent restant le grand mobile des actions humaines... Le passé tumultueux des anciens colons australiens entraine la vengeance de John Turner (Le Mystère de la Vallée).
L'émergence du féminisme apparaît dans La disparition de Lady Frances Carfax ou Le Pince-nez en or, avec une évocation de la condition de la femme avec le mouvement des Suffragettes et de ses revendications dont le droit de vote. Le Pince-nez en or fait une allusion au mouvement révolutionnaire nihiliste russe.
Liste des lieux de tournage
Les studios de la Granada Télévision installés à Manchester, a justifié le choix des lieux de tournage dans les villes et comtés avoisinants. Ainsi le Cheshire, Liverpool et Manchester furent privilégiés pour des raisons économiques. Selon leur spécificité, différents endroits étaient utilisés dans le même tournage : un manoir, un jardin, un salon... et un décor identique pouvait servir dans plusieurs épisodes (le manoir du Ruban moucheté est également celui d'Abbey Grange).
 
La richesse des moyens de Granada (plus limités dans les derniers temps) permit à l'équipe des décorateurs, Michael Grimes, Tim Wilding et Margaret Coombes, responsable des tournages extérieurs, de satisfaire à des critères de qualité remarquable. Les décors extérieurs furent un véritable écrin pour chaque épisode et les décors intérieurs permirent une reconstitution de l'époque victorienne dans des cadres historiques.  
 
La tâche n'était pas aisée. La reconstitution exacte des lieux où se déroulent les histoires s'avèra souvent compliquée, car l'imagination de Conan Doyle était difficilement transposable dans la réalité. Par exemple, la ménagerie de Pinchin Lane du Signe des Quatre, fut recréée dans un entrepôt le long de la rivière Irwell à Manchester. Le rituel des Musgrave qui devait s'accomplir dans la demeure de Sir Reginald, fut tourné à Baddesley Clinton, manoir médiéval du Warwickshire.
RETOUR
Sherlock Holmes demeure l'un des personnages de fiction le plus repris à l'écrit à travers de multiples pastiches et le plus représenté de l'histoire du cinéma avec plus de 260 films ! En 1990, le Guiness Book of Movies le plaçait en première place en recensant 204 adaptations. Dès les débuts du nouvel art cinématographique, Conan Doyle déplora lui-même que les enquêtes de son détective soient situées dans l'époque où se tournait le film, et non pas à l'époque victorienne qui est celle des récits originaux.
L'ère victorienne au Royaume-Uni désigne les années de règne de la Reine Victoria Première de 1837 à 1901. Les historiens fixent généralement son début au Reform Act de 1832. Ce long intermède entre les révolutions en France et en Amérique, et le modernisme introduit par la première guerre mondiale, marque l'apogée de la révolution industrielle et celle de l'Empire britannique.
L'époque se caractérise par une prospérité économique sans précédent, par la montée d’une classe bourgeoise issue de la révolution industrielle et les révoltes sociales qui en découlent, par un nationalisme intense et un empire colonial en plein essor. L’Angleterre demeure conservatrice et chrétienne, une rigoureuse morale impose le conformisme et le puritanisme social. Enfin se développe un caractère riche de la culture et de l'art, dans un style éclectique et ornemental.
Holmes a vécu dans l'imaginaire de Conan Doyle le temps de 4 romans et 56 nouvelles publiés entre 1887 et 1927 en plein essor de l'âge victorien. La série Granada en propose une évocation remarquablement soignée et intéressante.
La série aborde également des sujets politiques et certains thèmes sociaux. La misère sociale de cette fin d'époque est la toile de fond de nombreux épisodes et montre une classe laborieuse vivant dans l’insécurité quotidienne et la misère des bas-fonds urbains. La Deuxième Tache brosse un tableau politique de l'Europe "qui est un camp en armes" et montre le rôle prépondérant de la Grande-Bretagne à l'échelle internationale. On voit fonctionner le cabinet britannique face au problème diplomatique posé par un souverain étranger contrarié par le développement de l'empire colonial. Outre ses colonies, le Royaume-Uni devient à cette époque la première puissance industrielle mondiale.
Jeremy était passionné par le facteur de classe qu'il avait découvert chez Conan Doyle dans le Traité Naval. Issu de la haute société, Percy Phelps a des liens avec des gens riches et des aristocrates qui l'ont promu dans sa carrière au gouvernement. Il est sur le point de se marier et d'entrer dans une famille d'une couche inférieure de la société, et Watson issu de la classe moyenne, a été à l'école avec lui. Ces connexions entre classes sociales fascinaient Jeremy. Le clivage inter-classe et la rigidité de leur structure sont aussi clairement exposés dans L'école du Prieuré, à travers la relation du duc d'Holdernesse et de Holmes, et les grandes écoles privées élitistes réservées aux fils de la noblesse.
Cette époque est marquée par le capitalisme galopant et l’industrialisation. La montée d’une classe bourgeoise issue de la révolution industrielle est illustrée avec le roi de l'or Neil Gibson (Pont de Thor). Ce personnage sans scrupules reflète une respectabilité moralisante revêtue de suffisance, une corruption morale et une injustice de classe et d'exploitation. Le baron Grüner (L'illustre client) est la parfaite illustration de l'arrivisme et l'usurpation au profit de l'ascension sociale.
 
En opposition à cet essor, nous assistons aux prémisses du déclin de la noblesse britannique. Elle maintient avec de plus en plus de difficultés, son rang ses privilèhges et son train de vie.  Au bord de la ruine, Sir Robert Norberton voit sa  la fortune dépendre entièrement du classement de son cheval dans le derby (Shoscombe Old Place). L'aristocrate désargenté Lord Robert St Simon épouse Hatty Doran, fille d'un millionnaire américain dans le seul but de sauver son patrimoine (Glavon Manor). Nous assistons à l’étonnante fusion de la vieille aristocratie et de la nouvelle bourgeoisie états-unienne.
 
Le thème est récurrent, de la perpétuelle opposition entre ancienne Angleterre et jeune Amérique, entre décadence de la noblesse anglaise et apogée du monde des affaires. La fille d'un gangster de la pègre de Chicago devient la femme fidèle de l'aristocrate britannique Hilton Cubitt dans Les hommes dansants. On retrouve le thème de l'opposition entre l'Europe et les États-Unis, l'Ancien Monde et le Nouveau Monde. Le Cercle Rouge évoque aussi la mafia et la solidarité entre états contre le crime,  avec la collaboration de la police new-yorkaise.
Tout au long de la série, on est impressionné par la magnificence des manoirs anglais et leurs jardins. Ces vastes demeures, imposantes, somptueuses ou néogothiques, permettent des réalisations admirables : les propriétés victoriennes du Cycliste solitaire et de Jephro Rucastle des Hêtres Rouges, l'étrange demeure du Dr Roylott du Ruban moucheté, l'inquiétant manoir de Sir Henry Baskerville, le fastueux château de Chatsworth du Duc d'Holdernesse dans l'Ecole du Prieuré, la maison et le jardin mettant en scène Pondicherry Lodge du Signe des Quatre, le manoir et son superbe parc jouxtant le pont de Thor...
La capitale britannique a été également mise à contribution. L'ensemble de l'épisode de La Deuxième tache fut tourné à Londres. Mais pour des raisons de sécurité, le tournage n'eut pas lieu dans le vrai Downing Street. De même pour le Signe des Quatre, une partie de l'action se situe sur les quais de la Tamise et offre une poursuite spectaculaire sur le fleuve de Westminster à Gravesend. Les bas-fonds londoniens, glauques et sinistres, mettent en scène le spleen de Holmes dans le Mystère de Glavon Manor.
La nature elle même n'est pas en reste pour offrir des décors magnifiques. Au gré des voyages en train (Le Manoir de l'Abbaye, Le Chien des Baskerville) des déplacements en calèche (Le Rituel des Musgrave, Flamme d'Argent, Le Mystère de la Vallée) des balades à vélo ou à cheval (Le Cycliste solitaire, L'École du Prieuré) les exemples sont nombreux des beautés et des charmes de la campagne anglaise.
 
Selon les histoires, les paysages servent de toile de fond à l'enquête et à son atmosphère : Les Hommes dansants, Le Chien des Baskerville ; ils fournissent de précieux indices : Le Rituel des Musgrave, Flamme d'Argent, Le Mystère de la Vallée ; ou sont le théâtre de drames : les chutes de Reichenbach, la grotte du Prieuré, les sables mouvants des marais de la lande de Dartmoor.
Dans l'Interprète grec, on découvre  les clubs, institutions typiques du monde anglo-saxon et plus spécialement ce club paradoxal où se réunissent des misanthropes dans un silence absolu : le Club Diogène de Mycroft Holmes. L'épisode évoque aussi la situation des Grecs et des étrangers à Londres, le travail de l'interprète, et fait réfléchir sur la solidarité entre compatriotes.
En cette période de religiosité exacerbée, les découvertes évolutionnistes de Charles Darwin qui place l’humanité sur le même plan que les animaux, subit des attaques véhémentes. Les avancées de la science sont aperçues à travers les expériences de Culverton Smith (Le détective agonisant); le thème du naturalisme est évoqué dans Le Mystère de l'Anthropoïde où l'on assiste également aux dérapages de la science, à travers la déchéance du Professeur Presbury.
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