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Les Mémoires de Sherlock Holmes (1994)
Conan Doyle: Les trois Garrideb
Conan Doyle: La pierre de Mazarin 
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La Pierre Mazarin
The Mazarin Stone
Saison  4 - Épisode 5 (1994)
Producteur :June Wyndham Davies, Sally Head
Réalisateur :Peter Hammond
Scénariste :Gary Hopkins
Décorateur :Christopher Truelove
Musique : Patrick Gowers
40ème épisode tourné
1ère diffusion : Angleterre: 4 avril 1994 - ITV Network (40ème épisode diffusé); Etats Unis: 25 janv. 1996 - WGHB; France: 8 nov. 1996 - FR3 (41ème épisode diffusé)
Durée: 50 min 20 sec
Jeremy Brett ...  Sherlock Holmes
Edward Hardwicke ...  Dr. John Watson
Charles Gray ...  Mycroft Holmes
Rosalie Williams ...  Mrs. Hudson
Phyllis Calvert ...  Agnes Garrideb
Barbara Hicks ...  Emily Garrideb
Richard Caldicot ...  Nathan Garrideb
Gavan O'Herlihy ...  John Garrideb / James Winter
Jon Finch ...  Count Sylvius
Denis Lill ...  Inspector Bradstreet
James Villiers ...  Lord Cantlemere
Helen RyanHelen Ryan ... Princess of Wales
Harry Landis  ... Ikey Sanders
L'HISTOIRE
(Octobre 1921)
Sherlock Holmes est parti dans les Highlands, alors que son frère Mycroft comptait justement sur lui pour une affaire.
La pierre Mazarin, un diamant parfait d'une valeur inestimable, vient d’être dérobée au Musée de Whitehall. Sur l’insistance du gouvernement, Mycroft se charge donc seul de la retrouver. En effet, le vol de ce joyau historique qui devait retourner en France, pourrait mettre en péril le succès diplomatique de l'Entente Cordiale.
Mycroft connaît déjà le coupable : le redoutable Comte Sylvius, un escroc sans scrupule qui a pu échapper à Sherlock Holmes dans le passé. Mais toute accusation sans preuve n'a aucune valeur.
Pendant ce temps, Watson se retrouve aux prises avec les sœurs Garrideb. Ces deux vieilles demoiselles, aussi pénibles que perspicaces, sont persuadées que leur frère, Nathan, court un grave danger depuis qu'un certain John Garrideb a fait irruption dans leur vie. Ce dernier leur a proposé une affaire trop extraordinaire pour être honnête. Il s'agit d'un legs testamentaire de 15 millions de dollars à partager entre trois descendants mâles du nom de Garrideb.
Cependant étrange coïncidence... Le soi-disant John Garrideb est en cheville avec le Comte Sylvius. Mycroft et Watson agissent de concert sur ces deux affaires qui semblent se rejoindre.
REGRETS
Les acteurs furent très déçus de l'absence de Jeremy, dont ils ne furent prévenus qu'au début des répétitions. En particulier James Villers (Lord Cantlemere) qui fréquanta avec lui la Preparatory School, l'équivalent anglais d'une école primaire privée. Helen Ryan, qui joue la princesse de Galles, a interprété ce même rôle dans la série de 1975 Edward VII. Elle a également joué Mrs McFarlane dans l'épisode L'Entrepreneur de Norwood.
 
L'absence du maître prive malheureusement les holmésiens du plaisir de voir une scène-clé très émouvante, qui aurait été magnifique entre Jeremy et Edward Hardwicke. Il s'agit de la scène extraite des Trois Garrideb qui offre la seule opportunité du Canon de révéler que Sherlock Holmes a bel et bien un cœur !
 
Quand Watson est blessé par une balle de revolver, les yeux durs de Holmes s'embuent de larmes et ses lèvres fermes frémissent d'inquiétude. Il dévoile enfin toute la profondeur de son affection pour son ami, derrière le masque impassible ! "Pour la première fois de ma vie, je sentis battre le grand cœur digne du grand cerveau.", écrit Watson.
Le scénario remplace ce moment poignant par une séquence dans laquelle Watson, menacé d’être égorgé par l’imposteur, John Garrideb, est sauvé in extremis grâce à l’intervention des deux vieilles filles. Le tragique de la situation bascule dans le comique anéantissant toute l'émotion et la beauté de la scène.
L'action se déroule sans temps mort, Mycroft et Watson sont à la hauteur du maître, mais l’excellente performance de Charles Gray tout au long de l’épisode ne suffit pas à compenser son absence. Les intrigues sont prenantes bien qu'un peu confuses, la reconstition est de grande recherche artistique avec profusion de décors soignés.
 
Cela aurait pu fonctionner, si Peter Hammond n'était pas aux commandes. Nous retrouvons pour la troisième fois, son style typique qui semble s'ampouler au fil du temps.
Comment réussir un épisode de Sherlock Holmes sans Sherlock Holmes ? Le réalisateur a-t-il voulu contrebalancer par un excès de mise en scène ? À force de vouloir trop en faire, à force d'accumuler les éléments symboliques et styllistiques sophistiqués, l'histoire en pâtit.
Débauche d'effets de lumières, déclinaison du spectre des couleurs à travers des prismes, jeux de transparence, reflets à travers vitres, miroirs et toute surface réfléchissante, très gros plans et contre-plongée, etc...
 
Le summum est atteint lors de l'arrestation du comte Sylvius. Dans un brouillard factice, Mycroft apparaît et disparaît de façon surréaliste, le diamant virevolte dans ses mains tandis que le ballet de ses feux fait écho au troisième œil de Holmes.
 
Cette palette d'effets de style veut donner une ambiance mystérieuse qui devient outrancière et finit par lasser. Too much !
UN SHERLOCK HOLMES... SANS HOLMES
Charles Gray tient donc ici le rôle principal, toujours secondé par Watson et sous le troisième œil vigilant de Sherlock Holmes. Quelques scènes avec le détective ont été rajoutées plus tard dès que Jeremy eut recouvré un peu de sa santé.
Sa brève apparition au début, scène écrite par Jeremy et Peter Hammond, montre un détective en proie à la dépression qui fait part à Watson de son besoin de se retirer dans les Highlands (the 'hight lands')  pour tenter de se débarrasser des fantômes qui le hantent.
De même à la fin, Sherlock se matérialise dans la brume comme s'il avait suivi toute l'affaire par l'esprit. Il félicite Mycroft avant de s'évanouir à nouveau. Son apparition surnaturelle, le décor fantasmagorique, les écltas de la pierre, tout ceci donnent un caractère fantastique à la scène mais aussi beaucoup de lourdeur de mise en scène sans aucune explication logique.
 
L'idée était de donner un sens mystique à l'absence de Holmes. L'énigmatique allusion à son troisième œil, son esprit torturé par ses vieux démons - Moriarty depuis Reichenbach – ses apparitions fantomatiques dans la brume évanescente, s'inscrivent dans cette propension à l'étrange.
UN HOLMES FANTOMATIQUE
Malgré toute sa bonne volonté et son professionnalisme, Jeremy était trop malade et incapable de tourner l'épisode. Son état s'étant encore dégradé à la fin du tournage du "Détective agonisant" - de mauvais augure - il dut retourner de longues semaines à l'hôpital. Désormais, il était de notoriété publique que l'acteur était gravement malade et ne pourrait peut-être plus du tout continuer la série.
 
La productrice June Wyndham Davies essaya de trouver une solution car pour des raisons contractuelles et de calendrier, le tournage de La Pierre de Mazarin ne pouvait pas être ajourné. Fallait-il se résoudre à tourner cet épisode sans Sherlock Holmes et son interprète star ? La production fit donc appel à Charles Gray pour remplacer Jeremy au pied levé. Le scénario fut modifié à la hâte pour y intégrer Mycroft Holmes à la place de son frère et reformer le duo avec Watson.
Gary Hopkins a fait du diamant une question politique justifiant l’intervention de Mycroft qui occupe un poste important mais mystérieux au sein du gouvernement britannique.
ÉCHOS DE TOURNAGE
La nouvelle La Pierre Mazarin, écrite à la troisième personne et publiée dans "The Case Book of Sherlock Holmes" en novembre 1927, est en  fait basée sur "Le Diamant de la Couronne, une soirée avec Sherlock Holmes", une pièce de théâtre en un acte écrite par Conan Doyle et jouée à Londres en 1921 avec Dennis Neilson-Terry dans le rôle de Holmes.
 
Mycroft Holmes n'apparaît que deux fois dans le Canon (L'Interprète grec et Les Plans du Bruce-Partington). Charles Gray avait interprété ce rôle en 1976 dans le film "La solution à 7%" tiré du roman de Nicholas Meyer. Il connaissait Jeremy pour avoir fait partie avec lui de la troupe du Old Vic Theatre et joué dans la pièce Troilus et Cressida de Shakespeare en 1956-57. Il joua également un 'gentil' et un 'méchant' dans deux James Bond avec Sean Connery : Henderson ("On ne vit que deux fois" en 1967) et Ernst Stavro Blofeld ("Les diamants sont éternels" en 1971).
 
On peut noter des erreurs commises par l'équipe Granada, comme de faire discuter Mycroft et Lord Cantelmere au beau milieu du Diogene's Club où l'on est censé avoir fait vœu de silence sous peine d'exclusion...
UN FRÈRE QUI FAIT L'AFFAIRE
Mycroft Holmes, le frère aîné de sept ans de Sherlock, l'homme de l'ombre, est ici en pleine lumière. Décrit comme un être omniscient dont les facultés de déduction surpassent peut-être celles de son cadet, il occupe un poste important au sein du gouvernement et intervient dès qu'il s'agit d'une affaire d'état. Cependant, il œuvre en coulisses et se déplace rarement traitant ses affaires au Club Diogène où il passe l'essentiel de ses journées, un gentlemen's club de Pall Mall dont il est le cofondateur. D'une nature indolente, il ne dédaigne pas se mettre en selle s'il le faut.
 
Mycroft apparait ici sous un jour nouveau, celui d'un homme d'action qui conduit l'enquête avec détermination et la poigne d'une main de maître. Avec son corps massif, son regard d'acier et son sourire énigmatique passant sans transition de l'aménité à la dureté, Charles Gray en impose.
 
Mycroft s'avère un enquêteur à l'esprit aussi vif que celui de son frère et au caractère bien trempé. Dans la confrontation entre Mycroft et le comte Sylvius, l'échange des regards en très gros plans à la Sergio Leone fait monter la tension entre les deux adversaires mieux que les mots. Malgré son tempérément flegmatique, Mycroft semble bouillir intérieurement. Il fait preuve d'énergie et intervient efficacement dans l'arrestation de Sylvius. Il y a en lui un désir de vengeance à l'égard du Comte, qui a déjà échappé à son frère, mais aussi une envie de surpasser ce dernier dans son propre domaine.
Cet épisode s'inspire des deux nouvelles de Conan Doyle : "Les Trois Garrideb" et  "La Pierre de  Mazarin".
 
Gary Hopkins a construit un scénario riche mais complexe. Mycroft et Watson mènent deux enquêtes parallèles qui vont finir par se rejoindre cependant l’alternance rapide des séquences consacrées à chacune d'elles rend l'histoire difficile à suivre.
 
Invention du scénariste, les deux sœurs Garrideb ne sont pas sans rappeler Miss Marple par leur côté vieilles filles anglaises intrépides et apportent à l'histoire une touche d'humour. Morceau choisi, la réplique à Watson blessé : "Voulez-vous que j'appelle un docteur, Docteur ?" Leur côté farfelu peut sembler caricatural, mais permet de mettre en opposition l'enquête de Watson qui paraît fantaisiste, voire ridicule, à celle de Mycroft qui relève de la sûreté nationale.  
Le personnage du Comte Sylvius ne ressemble plus à celui de la nouvelle de Doyle, et devient ici un adversaire redoutable digne d'un Holmes. Il rappelle celui du baron Grüner de L'Illustre Client. Comme lui, il est richissime, esthète et élégant. Il possède ses entrées dans la bonne société et fréquente même la famille royale, ce qui semble le rendre intouchable.
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