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Les Aventures de Sherlock Holmes  (1984–1985)
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Conan Doyle: Le traité naval 
ALBUM PHOTOS DE L'ÉPISODE
EPISODE  PRECEDENT
PHOTOS DE PRESSE ET DE TOURNAGE
Jeremy Brett ...  Sherlock Holmes
David Burke ...  Dr. John Watson
David Gwillim ...  Percy Phelps
Gareth Thomas ... Joseph Harrison
Alison Skilbeck ... Annie Harrison
Ronald Russell ... Lord Holdhurst
Nicholas Geake ... Charles Gorot
Pamela Pitchford ... Mrs Tangey
John Malcolm ... Tangey
David Rodigan ... Inspector Forbes
Eve Matheson ... Miss Tangey
Rosalie Williams ... Mrs Hudson
John TaylorJohn Taylor ... Dr Ferrie
LA PSYCHÉ DE HOLMES
Dans cet épisode, Jeremy a pu dévoiler toutes les facettes et la complexité de la personnalité du détective. On le voit tour à tour vif et réfléchi, amusant et redoutable, glacial et serviable, homme d'action, philosophe et poète.
 
Loin de l'agitation londonienne, Holmes apparait plus détendu, accordant son intérêt aux beautés de la nature, goûtant à des promenades au soleil et des moments de rêverie sous les arbres. On le découvre même caché dans le foin avec un cheval pour témoin. Cette nouvelle approche, jamais vue auparavant, lui donne plus de sensibilté et d'humanité. Watson ne reconnait plus son ami !
 
Avec son sens raffiné de l'humour, Holmes fait des cachoteries, plaisante et se montre facétieux, mais il révèle sa susceptibilié lorsque Watson dévoile avec ironie que la grand-mère de Sherlock Holmes était française. Parenté qui explique sa parfaite maitrise de la langue de Molière. Son expression se durcit lorsqu'il remet à sa place l'inspecteur Forbes, assénant une réponse cinglante à ses paroles insolentes. Il répond du tac-au-tac que dans 53 affaires qu'il a résolues, son nom n'est apparu que 4 fois laissant le bénéfice des 49 autres à la police.
Bien qu'il ne fasse pas confiance aux femmes, Holmes n'hésite pas confier une mission capitale à la fiancée de Percy dont dépendra le succès de l'affaire.
 
Il dévoile tout son talent d'enquêteur en arrivant vite à une conclusion grâce à ses fines observations, sa pénétration de la psychologie humaine et ses qualités d'athlète. L’analyse du problème lui indique que tout n’est pas encore  joué et que le scélérat va bientôt se manifester.  Il élabore alors un guet-apens sans que personne ne le sache, nous offrant un moment haletant. C'est bien Holmes le maître du jeu !
 
La conclusion de l'affaire à Baker Street nous présente le Holmes cabotin jouant une mise en scène parfaitement orchestrée. Il se complait à tromper son monde en jouant une farce spectaculaire. Son retour, la mine déconfite, cache en réalité un dénouement heureux et inespéré. Un happy ending théâtral digne du détective !
 
Et pour notre plaisir, le détective arbore une élégante garde-robe durant tout l'épisode, costume de lin crème et canotier à la campagne, redingote, col cassé et haut-de-forme chez Lord Holdhurst.
L'HISTOIRE
(Octobre / Novembre 1893)
Alors qu’il se livre à une expérience chimique pour la résolution d'un meurtre, Holmes reçoit la visite de Watson. Un événement tragique vient de briser la vie de son ancien camarade, Percy Phelps, fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères. Le ministre Lord Holdhurst l'avait chargé de recopier un long traité naval ultra secret conclu entre l’Angleterre et l’Italie. Alors que Percy ne s'était absenté qu'un bref instant de son bureau, le document s'est volatilisé ! Son honneur bafoué et sa carrière gravement compromise, il en est tombé malade. Depuis 9 semaines, Percy reste alité et anéanti à la campagne sous les soins de sa fiancée, Annie, et du frère de celle-ci, Joseph, qui lui a d'ailleurs cédé sa chambre.
 
Holmes accepte de se rendre au chevet du malade. Il doit récupérer le traité diplomatique avant qu’il ne quitte le pays pour être vendu à l'étranger, ce qui mettrait en péril l'équilibre des forces européennes. Comme Percy se sent mieux et dort seul pour la première fois, il est victime d'une effraction : quelqu'un a essayé de forcer la fenêtre de sa chambre ! Par prudence, Holmes éloigne le jeune diplomate à Londres avec Watson tandis qu'il revient sur place à la tombée de la nuit. Au terme d'une longue veille caché dans l'étable et d'un réel danger, le détective parviend à confondre le voleur. Le lendemain matin, à l'heure du petit déjeuner, Holmes blessé mais victorieux rend le fameux traité à Percy, fou de joie. Tout est bien qui finit bien !
ÉCHOS DE TOURNAGE
Jugé trop déclamatoire, le monologue de la rose avait été tronqué dans le script original. Jeremy n'était pas d'accord et réussit à convaincre les scénaristes de le garder dans son intégralité après l'avoir magistralement interprété devant eux ! Il insista de même pour que Percy Phelps explose de joie lorsqu'il découvre le traité naval sous le couvercle d'un plat de service dans la scène finale. Malgré sa fidélité canonique, le réalisateur trouvait cette scène trop exubérante. En réalité, elle correspond parfaitement à la réaction d'un homme très émotif dont les nerfs lâchent sous l'effet d'une joie intense.
 
Jeremy est aussi à l'origine du geste délicat de Holmes qui offre une rose à Mrs Hudson. Par ces petites attentions réitérées tout au long de la série, il a rendu leur relation plus complice et presque tendre.
 
On retrouve un dialogue basé avec fidélité sur le texte de la nouvelle, et une prise d'images directement inspirées des dessins de Sidney Paget. Toujours perfectionniste, Jeremy prit les mêmes attitudes que son alter ego de crayon dans le monologue de la rose. D'autres scènes sont copie conforme, telle la rencontre avec Percy Phelps ou celle du petit-déjeuner de l'épilogue.
UNE ÉNIGME CAPTIVANTE
La réalisation très soignée, un scénario à rebondissements, une énigme bien ficelée sans temps mort jusqu'à la fin et un humour omniprésent, réussissent cet excellent épisode qui met en valeur suspense et enquête policière.
Le délit n’est pas d’ordre criminel, mais il est assez grave pour mettre en péril les affaires du pays et la réputation d’un homme intègre et dévoué. Holmes doit donc résoudre deux problèmes : le sort de l'innocent Percy Phelps et le vol d'un secret diplomatique.
 
Ce côté espionnage pimente l'intrigue car le vol du traité signé entre l'Angleterre et l'Italie pourrait avoir des conséquences dramatiques si un pays étranger en avait connaissane, par exemple la France ou la Russie. En réalité, le voleur n'est pas bien loin...
 
Le mystère est omniprésent et tient le spectateur en haleine en le questionnant. Qui à volé le Traité Naval ? Comment savait-il où il se  trouvait ? Pourquoi le voleur a-t-il sonné la cloche du bureau de Percy ? Pourquoi n'a-t-il pas déjà vendu le précieux document ? Qui a essayé de pénétrer dans la chambre du malade ?
Producteur : Michael Cox, Stuart Doughty
Réalisateur : Alan Grint
Scénariste : Jeremy Paul
Décorateur : Margaret Coombes
Musique : Patrick Gowers
4ème épisode tourné
Série 1 : 3/7
1ère diffusion : Angleterre: 8 Mai 1984 - ITV Network (3ème épisode diffusé); Etats Unis: 28 mars1985 - WGBH; France: 8 janvier 1989 - FR3 (3ème épisode diffusé)
Durée: 51 min 30 sec.
ÉCHOS DE TOURNAGE
Jeremy et Michael Cox souhaitaient insérer le dialogue au sujet des Boarding Schools, ces internats réservés à l'élite qui prônaient confort spartiate, brimades et discipline stricte. Cela n'a pas été possible. Jeremy aura l'opportunité d'en parler sur scène en 1988 dans la pièce de théâtre de Jeremy Paul : The Secret of Sherlock Holmes.
 
Plusieurs plans dans cet épisode font référence à la consommation de cocaïne de Holmes ainsi qu'à son caractère asocial et anticonformiste qui s’intéresse peu à la politique et s’amuse à tracer les initiales patriotiques royales V. R. (Victoria Regina) à coups de revolver sur les murs du salon de Baker Street !
 
David Gwillim (Percy Phelps) se souvient : "J'ai passé tout le temps où je ne tournais pas à arpenter la région. Un week-end j'ai marché pendant 80 kilomètres - inutile de vous demander pourquoi Percy était si pâle !"
 
Quant à Alison Stilbeck (Annie Harrisson) elle raconte avec émotion les scènes en robe victorienne dans lesquelles elle étouffait littéralement pendant l'été 1983 particulièrement caniculaire, si bien qu'elle pensait jouer dans la sitcom radio "The Navy Lark".
UN INSTANT DE POÉSIE
Le Traité naval est célèbre pour le monologue de la rose que prononce Holmes lors de sa visite chez Percy Phelps : "What a lovely thing a rose is ! " Dans cette digression surprenante au cours de l'enquête, le détective nous donne un bref mais profond  soliloque sur la Beauté comme preuve du Divin.
 
Au beau milieu de la conversation, Holmes se saisit d'une fleur dans un bouquet et s’approche lentement de la fenêtre plongé dans une rêverie contemplative. Dans le contre jour, il s'extasie sur la beauté de la rose-mousse écarlate qu’il tient délicatement entre ses doigts. C'est un instant suspendu, magnifié par la musique et la voix chaude d'une sensibilité aiguë de Jeremy. Un instant de grâce, devant un Watson médusé et presque inquiet, et le couple stupéfait et désappointé, brutalement interromptu par Annie Harrison tandis que Holmes semble reprendre conscience de la réalité qui l'entoure.
 
Jeremy aimait ce discours et tenait absolument à jouer cette scène qui dévoilait une facette insoupçonnée du caractère holmésien : un Holmes poète, ému et sensible à la beauté de la nature. Cette nouvelle approche, jamais vue auparavant, donnait plus d'humanité à son personnage. L'acteur s'identifiait particulièrement dans ces moments-là, lorsque Conan Doyle permettait à son héros de méditer sur le sens de la vie (à l'instar du monoloque de La Boîte en carton).
"Quelle jolie rose ! ...
Le raisonnement déductif n’est jamais aussi nécessaire qu’en matière de religion. Il peut avoir, bien conduit, toute la rigueur des sciences exactes.
Les fleurs sont la meilleure preuve que nous ayons de la bonté divine.
Tout le reste, la force qui est en nous aussi bien que la nourriture que nous mangeons, est indispensable à notre existence même.
Mais cette rose, c’est du luxe !
Son parfum et sa couleur, nous pourrions nous passer d’eux. Ils ne sont que pour embellir notre vie.
Tout le superflu nous est donné par gentillesse et, je le répète, les fleurs nous sont une bonne raison d’espérer."
L'intensité dramatique s'épaissit lorsque Holmes tend un piège et attend nuitamment le mystérieux individu. Nous voyons une ombre inquiétante se glisser...
Rien d'autre ne nous est pourtant révélé dans cette scène d'ombres chinoises suggestive très efficace. Le suspense se poursuit encore lorsque Holmes revient à Baker Street, blessé, défait et épuisé, laissant supposer qu'il a échoué, tout en affichant un comportement joyeux et facétieux.
 
Cet épisode remarquable visuellement, nous offre de magnifiques images du parc de Phelps et de la campagne inondée de soleil où nos héros vêtus de costumes clairs se promènent nonchalamment en bavardant prfaitement détendus.
 
L'histoire doylienne est censée se passer dans le Surrey mais le tournage extérieur s'est déroulé dans la belle campagne du Cheshire, la maison de Percy Phelps étant l'une des maisons du village de Pott-Shrigley (voir photos de tournage). Les autres prises de vue ont eu lieu dans les environs de Manchester.
Le Traité Naval
The Naval Treaty
Saison  1 - Épisode 3 (1984)
Les connexions entre ces classes sociales fascinaient Jeremy. C'est lui qui porta à l'attention de la production cette notion souvent développée chez Conan Doyle. Le clivage inter-classes et leur structure rigide dans l'Angleterre victorienne sont clairement exposés dans cette histoire et amène à quelques réflexions sous-jacentes sur les inégalités de l'époque.
 
La fine observation ironique qui réjouissait particulièrement Jeremy, consistait à remarquer que le Ministre des Affaires Étrangères avait fait ressemeler ses chaussures. Ce qui pourrait provoquer une secousse politique dans le pays en signifiant que l'homme d'État était lui-même incapable d'assumer l'achat d'une nouvelle paire de chaussures. D'ailleurs, Holmes n'est pas impressionné par le Lord, s'autorisant des sourires ironiques et se moquant de la place qu'il occupe dans la hiérarchie et des usages en général.
 
Au pied de cette hiérarchie sociale, l'inspecteur Forbes nous fait découvir le monde de la classe pauvre des "bas fonds"  lors de sa visite chez les Tangey, une famille indigente et souillon où la mère doit travailler dur pour nourrir ses enfants.
INTÉRÊT DOCUMENTAIRE
Jeremy se passionna pour ce qu'il découvrit dans "Le Traité naval" à savoir le facteur classe.
Issu d’une excellente famille de la haute bourgeoisie, Percy Phelps a des liens avec des gens riches et aristocrates. Il a fait ses études à Cambridge, grâce à une bourse, et ses relations influentes lui ont valu un poste de choix au Foreign Office et une brillante carrière. Son oncle, lord Holdhurst, est l’un des membres les plus éminents du parti conservateur.
Percy est sur le point de se marier avec une jeune femme appartenant à une famille d'une couche sociale inférieure à la sienne - des fondeurs de fer du nord de l'Angleterre. Watson, quant à lui, est issu de classe moyenne et a fréquenté la même école que Percy.
Cependant, le jeunne diplomate n'appartient pas à une classe sociale suffisamment élevée et puissante pour être exempté des conséquences de la perte du traité sous sa responsabilité. L'honneur joue ici un rôle essentiel. Son honneur est bafoué, sa carrière brisée, son avenir anéanti... Pas surprenant que cette tragédie le rende malade.
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