Nous étions ensemble, Jeremy “D’Artagnan” Brett et moi, pour bavarder autour d’un café dans l’un de ces hôtels chics de Park Lane, à Londres. Bien sûr, je n’ai pas fait le déplacement rien que pour un boire un coup - comment aurais-je pu, avec cette 'star' canon qui me fixait de l'autre côté de la table ?
 
Jeremy Brett était le jeune homme à l’accent snob, Freddy Ainsford-Hill [sic] dans le film My Fair Lady, et qui a chanté le tube " On the Street Where You Live ". Bon sang, je ne me plaindrais pas si cette star vivait sur le pas de ma porte. C'est sûr, Jeremy est un type drôle, galant et sensass.
 

Tu es né dans le Warwickshire. Quelles étaient tes matières préférées à l’école ?
 
L’histoire et l’art. J’adorais peindre des paysages et des poissons - ils ont des teintes merveilleuses quand on apprend à les connaître.
 
Si tu étais quelqu'un d'autre, quelle personne, vivante ou morte, aimerais-tu être ?
 
Sans hésitation, Christophe Colomb. Quelle émotion, d'être celui qui a découvert le Nouveau Monde. Vous vous imaginez dire à vos amis " Je viens de trouver un continent, ça vous dit de me rejoindre ?
 
Si tu n’étais pas acteur, qu'est-ce que tu ferais ?
 
Je dirigerais un centre équestre dans le coin le plus ensoleillé d’Angleterre - si je pouvais trouver un tel endroit. J’aurais aussi presque toutes les races de chiens qui partageraient les bâtiments, rien de tel que les chiens pour vous tenir compagnie, et ils se rendent aussi utiles.
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"LUCKY PENNY TALKS TO JEREMY (D'ARTAGNAN) BRETT
Interview de  Lucky Penny dans la revue
"Diana - The Paper for Girls Who Love Good Stories"
N° 214 du 25 Mars 1967
Pourrais-tu me raconter une anecdote amusante ?
 
J’en connais un bon nombre, mais il y a un incident où j’ai fait les frais de la plaisanterie. Vous vous souvenez nous avons déjà évoqué l’escrime, et cette semaine d’entraînement avant le début du tournage. Eh bien, c'était une sacrée partie de rigolade, nous savions tous nous battre à l'épée, mais nous n’étions pas bons à grand chose pour ‘parer’ avec précision. On envoyait valdinguer nos chapeaux, on manquait d’arracher les fausses moustaches, on déchirait et abîmait un nombre incalculable de vestes en soie et de jabots en dentelles, et j’ai même fait un énorme trou dans la plus belle paire de bas de soie de Porthos. Aussi longtemps que nous n’étions pas égratignés ni balafrés, rien d’autre ne comptait alors.
 
A la fin de la semaine, il n’y avait eu aucun accident fatal, et on se prenait pour des petits malins.
 
Le lundi suivant, toute l’équipe est arrivée dans le studio pour le top départ, et j’avais mon premier duel. Cinq minutes avant ce moment mémorable, j’ai décidé de vite m’échauffer et j’ai tiré l’épée de mon fourreau, mais il ne se passa rien. Le producteur cria " Jeremy, qu’est-ce que tu fabriques ? En garde, prêt  pour l’action, MAINTENANT ! " Frénétiquement, j’ai tiré comme Superman, et VLAN, épée, fourreau et chaîne se sont cassés et m’ont flanqué un bon coup dans l’œil. Quelle adresse !
Quel genre de personne aimerais-tu être par-dessus tout?
 
J’aimerais être le genre de personne dont les gens apprécient la compagnie.
 

(*) Référence à une chanson populaire anglaise "Won't You  Please Come Home Bill Bailey"
Comment as-tu obtenu le rôle de D’Artagnan dans Les Trois Mousquetaires ?
 
J’étais en vacances en Grèce, nageant et bronzant depuis à peu près trois semaines. Un après-midi, l’employé de l’hôtel m’a dit qu’un télégramme de Londres m’attendait au bureau de poste. Je ne voulais pas aller le chercher, je me disais : "Oh oh, fin du temps imparti, Bill Bailey, veux-tu bien revenir à la maison." (*) Mais, quand j’ai fini par l’ouvrir, c'était pour m'offrir le rôle de D’Artagnan, et il fallait une réponse rapide. Bien sûr, c'était "Yay".
 
Aurais-tu aimé vivre au 17ème et au 18ème siècle ?
 
Oui, je préfère de loin le mode de vie en ces temps-là. Je préfèrerais nettement monter à cheval jusqu’à Calais plutôt que prendre le train. Peut-être que la vie était plus dangereuse à l’époque, mais c’était bien plus excitant et satisfaisant.
 
Tu fais beaucoup d’escrime dans le rôle de D’Artagnan, où as-tu appris ?
 
J’ai appris l’escrime quand j’étais étudiant à la Central School of Speech and Drama. Et depuis lors, j’ai combattu à peu près une fois par an dans des rôles différents, ce qui m’a empêché de me rouiller. Cependant pour la série, nous, les quatre Mousquetaires, avons été coachés pendant une semaine par un maître d’escrime professionnel avant le début du tournage.
 
Est-ce que tu aimes être un héros d’un autre temps ?
 
Oui, assurément. De tout façon, je suis quelqu’un de terriblement romantique. Je trouve ça super excitant de monter à cheval et de galoper dans la nuit. Et de faire voir de belles manières, de la bravoure, et des sentiments profonds et sincères pour quelqu’un. Mais c’est un peu décevant quand je quitte les studios de devoir à nouveau jouer des coudes pour me frayer un chemin dans le métro gris et noir de monde.
 
Que penses-tu des costumes de l’époque, comparés aux vêtements masculins d'aujourd'hui ?
 
Certains d’entre eux étaient bien plus pratiques qu’aujourd’hui. Leurs bottes de cavaliers, par exemple, montaient bien au-dessus du genou et le protégeaient. Mais maintenant, les bottes sont boutonnées et s’arrêtent sous le genou, elles vous rentrent dans la jambe, et sont horriblement difficiles à garder quand on galope à pleine vitesse.
 
Quel genre de musique aimes-tu ?
 
Je suis un peu paresseux en matière de musique. Je l’utilise - plutôt que de m’asseoir et l’écouter. J’aime quand c'est un fond sonore apaisant.
 
Si tu étais sur une île déserte, quel disque et quel être vivant aimerais-tu avoir pour te tenir compagnie —INTERDIT DE CHOISIR UN PARENT— ?
 
Le disque serait le 33 tours des Beach Boys, Pet Sounds. Pour me tenir compagnie, j’emmènerais mon chien bâtard, Binks, Bonkers pour les amis.
 
Quelle est ta star de cinéma préférée, homme et femme ?
 
L’homme est la star française Jean-Paul Belmondo. Je l’aime en tant qu’acteur et en tant que personne. Et la femme, Julie Christie. A mon avis, c’est une grande ‘star’ et une grande personnalité dans le monde du spectacle.
 
Quelles sont tes couleurs préférées ?
 
Tous les tons de marron, sauf le très terne. Et le bleu très, très vif.
 
Quels sont tes chanteurs et tes groupes favoris ?
 
Chanteurs favoris : Georgie Fame, Nancy Wilson. Et les groupes : les Beach Boys et les Four Tops.
 
Es-tu superstitieux au sujet de la chance et de la malchance ?
 
Je suis superstitieux pour un ou deux trucs. Je n’allumerais jamais trois cigarettes avec une seule allumette. On dit que cette superstition est née dans les tranchées pendant la Première Guerre Mondiale, quand les tireurs embusqués guettaient les lumières - et tuaient le troisième homme à accepter du feu. Je ne passe pas sous les échelles à moins d’y être forcé, ou je ne marche pas sur les joints des pavés, ce qui veut dire que vous pourriez rater un coup de fil important (ou manquer le retour de votre mère).
 
Si tu pouvais t’offrir quelque chose, qu’est-ce que ça serait ?
 
J’aimerais posséder Cavallo, l’alezan que je montais dans Les Trois Mousquetaires.
 
Qu’est-ce que tu préfères manger ? Peux-tu me donner la recette ?
 
J’aime tout manger, ma nourriture préférée est un assortiment géant de grillades, très bien cuisiné, avec des pancakes au citron pour m’achever. Mais je suis désolé, je ne peux pas vous donnerune recette, mon savoir-faire culinaire se limite aux œufs à la coque.
 
Qu'elle est la qualité particulière que tu recherches chez une fille ?
 
Oui, il y en a une. J’aime une fille qui vous regarde ‘droit dans les yeux’, surtout quand on lui parle. Les filles qui jettent des regards obliques ou regardent tout le temps autour d’elles, ne sont pas mes amies. Je pense aussi que la forme d'une bouche est révélatrice du caractère d’une fille - et je ne me fie pas non plus au maquillage.
Lucky Penny bavarde avec Jeremy (D'Artagnan) Brett - 25 Mars 1967