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Conan Doyle: La Deuxième tache 
EPISODE SUIVANT
Le Retour de Sherlock Holmes (1986–1988)
SCÈNES COUPÉES : HOLMES ET LES ABEILLES
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LE CONTEXTE
"La Seconde Tache" est une adaptation de la nouvelle de Conan Doyle parue en Décembre 1904. L'affaire compte parmi les plus importantes de la carrière de Holmes. Son déroulement exact demeure mystérieux et Watson avertit ses lecteurs "qu'elle a pris place dans une année et même une décade que je ne préciserai pas". Il mentionne également qu'il leur fut demandé le "secret le plus absolu". L’affaire touche à "des questions d’une telle importance" et met en cause "tant de familles célèbres dans le royaume". D'ailleurs, Holmes n'accepte sa publication que tardivement sous réserve d'une grande discrétion.
 
Le portrait doylien de Lord Bellinger rappelle celui de Gladstone, Premier Ministre à plusieurs reprises. C'est d'ailleurs sous ses traits que Sydney Paget représenta Lord Bellinger lors de la publication de la nouvelle dans le Strand Magazine. Selon les hypothèses, il pourrait aussi s'agir de Lord Salisbury. De célèbres holmésiens se sont penchés sur sa datation exacte, mais divergent d'opinion la situant entre 1888 et 1894. Une référence dans cette affaire montre qu'elle se déroule en juillet 1888 [Jean-Pierre Naugrette] même si Watson dit dans la version publiée qu'elle s'est produite en automne. mais le choix de la publier en 1904 dans le contexte historique de l’Entente cordiale, est révélateur.
L'HISTOIRE
(Décembre 1904)
Sous le sceau du secret, Holmes reçoit au 221B la visite du Premier Ministre, Lord Bellinger, accompagné du Secrétaire aux Affaires Européennes, Trelawney Hope. Ce dernier a perdu la lettre potentiellement explosive d'un souverain étranger qui risquerait de mettre le feu aux poudres en Europe et déclancher la guerre. Elle a disparu du coffret dans lequel Trelawney Hope la gardait. Pour Holmes, il est certainement déjà trop tard.
Ses soupçons se portent sur trois espions internationaux susceptibles d'être intéressés. Le détective reçoit alors la visite impromptue de Lady Hilda Hope qui insiste pour connaitre la nature du document volé et ce que risque son mari. Holmes, intrigué, pense qu'elle cache quelque chose...
 
Bientôt l'un des trois espions, Eduardo Lucas, est retrouvé poignardé dans le quartier de Westminster, non loin de Whitehall Terrace où demeurent les Hope. Pour l'inspecteur Lestrade en charge de l'enquête officielle, l'agent a été assassiné par son épouse française, folle de jalousie. Pour Holmes, un détail sur les lieux du crime lui révèle une toute autre piste. Sous la tache du sang de Lucas qui a imbibé le tapis, le parquet est intact ! Il existe une seconde tache sur le plancher à un autre endroit. Holmes découvre une cachette secrète sous une lame du parquet, une photo lourde de sens, interroge le policier de faction, et résout l’énigme !
Holmes fera réapparaître la missive à sa place dans le coffret devant les deux hommes d'état stupéfaits. Mais ce n'est pas pour autant qu'il leur révélera le retour miraculeux de la lettre. Lui aussi a ses secrets diplomatiques.
Jeremy Brett ...  Sherlock Holmes
Edward Hardwicke ...  Dr. John Watson
Patricia Hodge ...  Lady Hilda Trelawney Hope
Stuart Wilson ...  Honourable Trelawney Hope
Harry Andrews ...  Lord Bellinger, Prime Minister
Colin Jeavons ...  Inspector Lestrade
Sean Scanlan ...  Constable MacPherson
Yves Beneyton ...  Eduardo Lucas
Yvonne Orengo ...  Madame Henri Fournaye
Rosalie Williams ...  Mrs. Hudson
Alan Bennion ... Bates
Producteur : June Wyndham-Davies, Rebecca Eaton
Réalisateur : John Bruce
Scénariste : John Hawkesworth
Décorateur : Tim Wilding
Musique : Patrick Gowers
16ème épisode tourné
1ère diffusion:  Angleterre: 23 juil. 1986 - ITV Network (17ème épisode diffusé); Etats Unis: 26 fev. 1987 - WGHB; France: 9 avril 1989 - FR3 (16ème épisode diffusé)
Durée: 50 min 30 sec
UN TABLEAU HISTORIQUE
Bien qu'elle reste policière, l'histoire s'intéresse pour la première fois dans la série, à la politique et l'espionnage. Elle présente un tableau de l'Europe au XIXe siècle avec son jeu des alliances et le rôle déterminant du tout-puissant Empire britannique. L'argument de la lettre du potentat étranger est une diatribe contre le développement colonial anglais dont la divulgation pourrait enflammer l’opinion publique entraînant des tensions politiques irrémédiables jusqu'à déclencher une grande guerre.
 
Dans La Deuxième Tache, Watson dramatise le contexte européen en précisant qu’il s’agit de "la plus importante affaire internationale" qu'Holmes eut à résoudre. La venue du Premier ministre et du secrétaire aux Affaires européennes dans le salon de Baker Street est un signe qui ne trompe pas. Trelawney Hope explique "que la paix ou la guerre en dépendent" tandis que le Premier ministre brosse un sombre tableau de la situation de l’Europe qui est un camp en armes.
 
Conan Doyle participa à la guerre en tant que médecin, ce qui exacerba la crainte d’une Angleterre affaiblie face à une Allemagne ambitieuse et menaçante pour la paix en Europe.
Des chercheurs holmésiens se sont penchés sur la question : qui est le souverain étranger qui a écrit la lettre manquante ? Holmes le devine et l’écrit sur un morceau de papier. Certains ont émis l'hypothèse qu'il s'agirait de l'empereur allemand et petit-fils de la reine Victoria, Guillaume II, dont la politique étrangère était controversée en Grande-Bretagne. D'après Jean-Pierre Naugrette, la lettre émane d’un souverain que contrarie le développement colonial de l’Angleterre. L'hypothèse est alors qu’il s’agirait du tsar de Russie.
DES APPARENCES TROMPEUSES
Cet épisode plutôt calme, dont la seule scène d'action véritable est le meurtre d'Eduardo Lucas, est dynamisé par la vivacité d'un scénario bien construit et des personnages toujours justes. Sa réussite résulte de situations drôles, de dialogues relevés d'humour et d'une série de chassés-croisés générant animation et suspens jusqu'au dénouement aussi amusant qu'audacieux.
Dans cette histoire, la réalité n'est pas du tout ce que l'on croit. Et bien sûr, on assiste à la mise en œuvre du talent de déduction d'un esprit sagace observant avec minutie et de l'énergie d'un détective vif et ardent.
L'originalité du scénario tient surtout à son traitement. Le déroulement de l'histoire est marqué par un enchaînement d'abord logique pour résoudre un problème à priori politique en cherchant sa solution du côté de l'espionnage.  Holmes se concentre alors sur les trois agents les plus importants de Londres tout en s'étonnant qu’aucune conséquence n’ait suivi la disparition de la lettre.
S'introduisent alors des péripéties surprenantes : celle, tout à fait inattendue, de l'entrée en scène de Lady Hilda, logiquement étrangère à l'affaire et celle, un peu trop opportune de la nouvelle du crime dans Westminster. L'intrigue marque alors le pas et la situation semble bloquée. Soudain, l'action est relancée par la découverte de la deuxième tache de sang au cours d'une scène très efficace.
Finalement la clé de l'énigme est moins étonnante que dans certaines autres aventures.
ÉCHOS DE TOURNAGE
On assiste dans cet épisode, remarquablement réalisé par John Bruce, à quelques séquences très réussies et pleines d'humour. Le prologue nous plonge directement dans cette ambiance grave et facétieuce à la fois, qui caractérise l'épisode. On voit les grands dignitaires se rendrent solennellement à Baker Street, ce qui laisse deviner l'importance capitale de l'affaire d'État soulignée par la marche numéro un d'Elgar. En parallèle, confusion et désordre règnent au 221b. Watson arrache sa tasse de thé à Holmes tandis que Mrs Hudson s'évertue à mettre un peu d’ordre. Seul Holmes reste imperturbable au milieu de l'effervescence. À l'entrée des deux hommes, le salon de Baker Street paraît parfaitement calme et serein.
 
En examinant la scène du crime d'Eduardo Lucas, Lestrade donne des informations sensationnelles tout en se délectant de la surprise et la perplexité de Holmes qui le laisse parler sans mot dire. Et pour cause, Holmes a déjà tout compris après avoir vu la deuxième tache. On assiste à la scène d'anthologie où il fait sortir Lestrade par la ruse pour pouvoir fouiller à sa guise le lieu du crime. En un éclair, il se précipite à terre et gratte frénétiquement le parquet. Il trouve ce qu'il cherchait juste à temps pour que Lestrade le retrouve impassible dans la même position où il l'avait quitté comme si rien ne s'était passé.
L'inspecteur est bien loin d'imaginer l'agitation qui a régné dans la pièce en son absence et la résolution de l'énigme. Comme à son habitude, Holmes tient Lestrade à l'écart. Il se moque de la police (souvent ridiculisée chez Doyle) et de son incapacité à juguler la criminalité.
HOLMES ET LES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
Sherlock Holmes est un asocial et un anticonformiste qui s’intéresse peu à la politique, s’amusant à tracer les initiales patriotiques royales V. R. (Victoria Regina) à coups de revolver sur les murs du salon de Baker Street ! Seul l'intérêt de l'affaire le motive.
 
Toutefois, il est loin de se désintéresser totalement de l’histoire contemporaine et s’implique de plus en plus dans la résolution d’affaires de portée internationale dans les années 1890-1914 où les périls montent en Europe. Holmes a acquis une notoriété et une fonction suffisantes pour que le Premier Ministre se déplace en personne chez lui afin de solliciter directement ses services. Il devient même une pièce maîtresse du dispositif britannique à l'instar de son succès dans les Plans du Bruce-Partington. Sa réputation à l’étranger s'amplifie entre 1888 et 1890. Notons qu'il reçoit la croix de chevalier de la Légion d’honneur du président de la République française !
 
On peut ainsi relever plusieurs enquêtes sur le terrain européen qui touchent à la politique extérieure d’une Angleterre au faîte de sa puissance. Le détective devient plus engagé qu’il n’y paraît, souvent porte-parole de Conan Doyle à mesure que son créateur s'inquiète des menaces qui pèsent sur la stabilité mondiale. Holmes n’enquête plus uniquement sur des meurtres, mais sur des affaires d’espionnage mettant en cause des agents secrets ou une puissance étrangère.
La première de ces affaires est Un Scandale en Bohême ainsi que les trois nouvelles : Le Traité naval, La Deuxième Tache  et Les Plans du Bruce-Partington qui relèvent d’espionnage et d'enjeux de portée mondiale. Toutes sont construites selon le même schéma. Il s'agit au départ de la disparition d'un document compromettant qui risquerait d’avoir d’importantes conséquences internationales. En général, le document secret émane directement d’un bureau ou d’une officine du gouvernement britannique : traité entre l’Angleterre et l’Italie dans Le Traité naval, lettre incendiaire d’un potentat étranger dans La Deuxième Tache ou plans du sous-marin ultra-secret Bruce-Partington.
 
En réalité, l’enquête de Holmes débouche sur une même constatation : le document volé n’est pas allé bien loin et sa nature ou son enjeu politique n'ont rien à voir avec l'enquête qui relève de la simple sphère privée.
ÉCHOS DE TOURNAGE
Jeremy voulait jouer un Holmes plus expressif, plus enclin à manifester ses émotions positives et eut l'idée des deux séquences : celle du "Wha-hey !" typiquement brettien en sortant de chez Lucas et celle de la scène finale où Holmes bondit de joie.
Une fois seul avec Watson, Holmes se permet enfin d'ouvrir la soupape laissant s'échapper son trop plein de tensions psychiques soigneusement refoulées jusqu'alors. Ce magnifique dernier tableau est une sorte d'explosion libératrice et là aussi une décharge d'énergie typiquement  brettienne !
L'excellente et amusante idée du journal qui s'enflamme est celle du réalisateur John Bruce.
 
L'ensemble de l'épisode a pu être tourné à Londres où tous les signes de la modernité avaient été effacés. Il a simplement suffit d'enlever les voitures et de cacher les marquages au sol.
De nombreuses prises de vue ont eu lieu au Privy Council Office, Carlton Gardens, mais pour raisons de sécurité, l'équipe ne fut pas autorisée à  tourner dans Downing Street.
ÉCHOS DE TOURNAGE
Les propos de Holmes sur les femmes "leurs actions les plus banales peuvent se rapporter à quelque chose de très grave" sont de circonstance dans cette histoire. L'aventure de Lady Hilda fait réfléchir sur les normes morales rigides de l'époque victorienne et l'exclusion des femmes des affaires publiques. Mais malgré sa misogynie, Holmes se montre indulgent et secourable. Son petit "secret diplomatique" nous révèle sa générosité et sa compréhension face aux faiblesses de l'âme humaine.
 
Habituée aux rôles d'aristocrates, Patricia Hodge est une actrice très connue en Angleterre qui a remporté en 2000 le prix Laurence Olivier pour son interprétation dans la pièce 'Money'. On a pu notamment la voir dans un des épisodes de l'Inspecteur Morse ("Noblesse oblige").
Elle incarne à merveille Lady Hilda, une noble femme qui affiche une parfaite maîtrise de soi mais qui est tourmentée intérieurement. C'est aussi une femme amoureuse de son mari et courageuse. Elle est prête à tout pour sauver sa carrière et leur mariage, notamment à se rendre en personne chez Sherlock Holmes.
La Deuxième Tache
The Adventure of the Second Stain
Saison  2 - Épisode 4 (1986)
ÉCHOS DE TOURNAGE
À l'époque du tournage, Jeremy explorait plus profondément le caractère holmésien et souhaitait faire ressortir les facettes émotionnelles insoupçonnées de son personnage. Son jeu nous offre une gamme de sentiments les plus variés.
 
En présence des hommes d'État, il se montre toujours digne et impénétrable. Ses répliques sont laconiques, mais respectueuses. Toutefois, il affiche fermement ses desiderata et impose ses conditionns au mépris du protocole et du statut des hauts dignitaires. Ses attitudes et son comportement trahissent clairement une certaine hypocrisie à l'égard des institutions et une parodie du langage diplomatique. Lorsqu'il tourne le dos au Premier Ministre, cela relève même d'une insolence moqueuse.
 
Suivant le fil des événements, Holmes présente plusieurs visages. De l'impassibilité la plus stricte, il devient nerveux dévoré d’impatience et exalté. Soudainement transformé en vif-argent, il se précipite dès que Watson lui dit que Lucas a été assassiné. De même sa frénésie dans la scène de la découverte de la seconde tache. Son tour de passe-passe final montre un Holmes téméraire et plein d'aplomb, tandis qu'au même instant, il devient un homme sensible et réservé qui cache son trouble en souriant subrepticement et en baissant les yeux sous le regard radieux et reconnaissant de lady Hilda.
RETOUR À L'ENVOYEUR
L'épilogue conçu par John Hawkesworth est particulièrement brillant et amusant. Trelawney Hope et le Premier ministre retrouvent la fameuse lettre dans le coffre comme si elle y avait toujours été. Holmes ose soutenir mordicus que la lettre n'a jamais bougé après l'avoir remise à sa place sous le nez des deux hommes. Devant ces messieurs stupéfaits, il ajoute qu'il a lui aussi ses "secrets diplomatiques". Holmes impose à nouveau ses propres volontés. Comme au début son refus catégorique de mener l'enquête, il ne divulgue pas comment il a procédé à la fin.
 
À partir d'une affaire politique à portée mondiale, on découvre les dessous d'une banale affaire privée. Ce retour au point de départ semble gommer le vol et se jouer sur le mode de la plaisanterie. Holmes ne sauvera pas son pays, mais simplement le bonheur conjugal d'une femme amoureuse.
 
Lady Hilda avait pris la lettre de son mari sous la menace d’un maître chanteur, l’espion Eduardo Lucas, qui menaçait de compromettre son mariage. Encore une fois dans cette histoire, le chantage est la clé de l'énigme. Véritable fléau social à l'époque victorienne, c'est l'un des thèmes récurrents de l'œuvre de Conan Doyle. On retrouve également ce sujet dans Un Scandale en Bohême ou Le Maître Chanteur d'Appledore. Holmes déteste ce type de criminels, et, comme il le dit lui-même ici, il va très loin pour sauver Lady Hilda.
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