UN PARFAIT CAM
Robert Hardy incarne Charles Augustus Milverton à la perfection. Son physique correspond tout à fait à la description de Conan Doyle : "un visage rond, potelé et imberbe, un perpétuel sourire figé et deux yeux gris perçants, qui brillaient derrière de larges lunettes cerclées d'or". Sous ses airs doucereux et affables, le cynique Milverton est plein de suffisance et de mépris, haïssable à souhait dans ses paroles et ses actes.
Après Moriarty, il est l'un de ses méchants à vous donner la chair de poule. Mais Holmes ne ressent pas le frisson glacial que lui instillait le défunt professeur, ni la forme d'admiration qu'il nourrissait pour lui. Il n'éprouve que du dégoût pour le venimeux Charles Augustus Milverton.
La confrontation de Milverton face à Holmes et Watson au 221b est une scène particulièrement réussie. On ressent la vive tension qui habite les deux hommes et plane dans la pièce. Holmes élabore une petite mise en scène pour tenter de déstabiliser Milverton.
Malgré son savoir-vivre le détective a du mal à cacher sa répugnance pour ce personnage qu'il déteste. Et celui-ci refusant catégoriquement de négocier, il n'hésite pas à employer des méthodes plus radicales, aidé de Watson.
Les deux amis sont pourtant bien naïfs en pensant le maîtriser avec une chaise levée et quelques gestes de menace. La caméra montre les trois protagonistes en perspective dans une scénographie dynamique et nerveuse.
Guère impressionné, l'odieux maître chanteur leur fait comprendre qu'il serait insensé de s'opposer à lui et dévoile son revolver sous son veston : "Je suis armé jusqu'aux dents." Holmes et Watson sont littéralement sur le point de l'étrangler !