"Après l'époque de Jeremy Brett et Robert Stephens à Manchester, se fut le succès à Londres : Brett à l'Old Vic et Stephens en tant que membre fondateur de l'English Stage Company. Tous deux restèrent proches plus tard, et affectueusement encouragés par Laurence Olivier quand il monta le National Theatre.
Brett me dit qu'une fois, Olivier lui avait conseillé, en ce qui concernait sa voix, de trouver le son d'une trompette. Leur amitié était très spéciale, platonique avec dévouement du côté de Stephens, plutôt davantage engagée physiquement bien qu'apparemment inassouvie, du côté de Brett.
A certains égards, ils formaient un drôle de couple : Stephens, le gars simple de la campagne de Bristol, le beau parleur coureur de jupons ; Brett, le descendant bisexuel de la haute société du milieu militaire. Tous deux cherchaient l'évasion dans le théâtre, tous deux remplissaient de rire et de bonne humeur toutes les pièces où ils entraient. Chaque fois que Stephens éprouvait des troubles émotionnels, dans les années soixante-dix, Brett ne le laissa jamais tomber.
Au début de cette année, en parlant de Stephens, les yeux de Jeremy se remplirent de larmes d'affection. Pas d'affection, me corrigea-t-il, tandis que nous parlions ; d'amour."
Michael Coveney dans The Guardian, Londres, le 14 Septembre 1995.